Robert Boyer est un économiste français, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est connu comme étant l’un des principaux artisans de l’école de la régulation avec Pascal Benassy, Alain Lipietz et Hugues Bertrand, et élabore la Théorie de la régulation : les phénomènes économiques ne peuvent se comprendre à travers des modèles abstraits et axiomatiques, mais par la prise en compte des combinatoires entre événements historiques, institutions politiques, juridiques et culturelles, rapports sociaux et cadres idéologiques de l’action publique et des décisions.

Robert Boyer vient de sortir un livre intitulé «  Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie », éditions la découverte, dont est tiré le bref extrait suivant…

Apprendre des crises ou improviser dans l’urgence…p 179

C’est pas facile, facile, mais ça vaut le coup !

Apprendre des crises ou improviser dans l’urgence ?

Si la diffusion du virus est mondiale, l’intensité de la menace qu’il représente et les politiques sanitaires varient considérablement selon les sociétés. À l’issue de l’épidémie du SARS, les pays voisins de la Chine ont pris des dispositions pour éviter que le prochain virus soit aussi dangereux.

Ils ont centralisé les informations et moyens d’action dans un centre chargé de la gestion des épidémies. Ces dispositifs sont rapidement mobilisés à l’annonce de la covid-19 : sa diffusion est limitée et l’activité économique peut suivre son cours.

D’autres gouvernements ont considéré en revanche que les épidémies frappaient surtout des pays lointains et qu’en tout état de cause, • la qualité de leur système de santé leur permettrait de faire face. Ou encore qu’il était trop coûteux de stocker les moyens de lutte contre des épidémies, au demeurant bénignes pour la plupart. La covid-19 n’est pas immédiatement reconnue comme une menace grave, les décisions tardent et masques, respirateurs et médicaments manquent. La menace d’une explosion de la mortalité conduit à utiliser la mesure la plus lourde, un sévère confinement qui paralyse toutes les activités non essentielles. Les coûts humains, économiques, sociaux et finalement politiques sont considérables. Quelle est l’arme la plus efficace contre les aléas, dont les pandémies ? Non pas quelques produits financiers sophistiqués, mais plutôt à la lumière de l’expérience, l’anticipation et la préparation grâce à la mobilisation d’un certain nombre de moyens, qui peuvent demeurer inutilisés, mais dont le stockage peut éviter une catastrophe majeure, dont le coût est sans commune mesure par rapport aux dépenses de prévention.

Par Jean Sammut.

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