Les Echos du 9 octobre 2020 publient dans la Rubrique « Idées », un article d’un économiste (en réalité pas si économiste que cela), Pascal Perri, sur un tiers de page (ce qui n’est pas rien) qui s’en prend à la proposition de gratuité des transports publics en Île de France avancée par Audrey Pulvar, candidate pressentie du PS aux régionales.

Au-delà du cas spécifique des transports régionaux, que l’auteur étend d’ailleurs à la santé, ce sont les arguments avancés, totalement éculés, qui justifient ce coup de gueule.

Les voir resurgir dans une rubrique « Idées » d’un journal économique réputé sérieux justifie doublement ce coup de gueule.

Citations : « Le gratuit … est un mythe dangereux qui déprécie la valeur du bien ou service. » L’air que nous respirons devrait donc être tarifé. L’engagement bénévole au profit des autres n’a donc aucune valeur.

« Cela revient à faire payer l’usage d’un service par des contribuables qui ne sont pas nécessairement utilisateurs ». Et pourquoi alors ne pas faire plus cher l’enseignement public à ceux qui font de longues études ? Et l’armée à ceux qui ne sont pas des cibles potentielles ?

Ces deux arguments sont stupides et ont été largement démontés par la science économique elle-même.

Mais notre brillant économiste, conscient de la simplicité de son argument, convoque la théorie économique pour nous rappeler les deux mesures classiques de la valeur : le prix qu’un consommateur est prêt à payer pour un bien ou un service ou la quantité de travail nécessaire à sa production.

Et il enchaîne sur l’exemple de « l’accès gratuit à la santé publique ».

Je cite : « Pour que les chose soient (notons au passage qu’il ne se risque pas à définir ce qu’est la santé publique, ramenée au rang de « choses ») respectées (?), pour qu’elles soient appréciées, au sens économique du terme, il est essentiel de savoir ce qu’elles coûtent. »

Et il ne vient pas à l’esprit de ce brillant économiste de proposer de savoir à quoi elles servent !!!!!!!

Et il conclut sur cette phrase extraordinaire : « La santé n’est pas une marchandise mais une conquête humaine à protéger. La gratuité comporte un prix caché qui est celui de tous les abus commis en son nom. »

Et le coût de l’inaccessibilité de l’accès à la santé, il est où ? Et la valeur de la solidarité dans la construction d’une démocratie, elle est où ?

En conclusion, un petit conseil : quand un article sur un service quelconque ne parle que de son prix ou de son coût, sans s’interroger sur son utilité, c’est qu’il ne sert à rien.

L’article évidemment !

Pour le service, nous devrons aller chercher sous une autre plume les Idées sur son utilité.

Par Christian Oyarbide.

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