Par Amélie Laurin Publié le 3 sept. 2024 dans Les Echos.

Après le ministère de l’Ecologie, la jeune pousse l’emporte de nouveau face à des mutuelles historiques de fonctionnaires, dans le cadre de la réforme de la protection sociale des agents publics.

Nouveau camouflet pour les mutuelles historiques de la fonction publique. Après le ministère de la Transition écologique au printemps, les services du Premier ministre ont à leur tour choisi Alan comme assureur-santé. La start-up sera l’interlocuteur unique pour la couverture santé des 4.900 agents de Matignon et d’entités rattachées, comme la CNIL ou le Défenseur des droits.

La jeune pousse a confirmé vendredi avoir remporté l’appel d’offres lancé dans le cadre de la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) des fonctionnaires. A partir du 1er janvier 2025, selon un calendrier différent en fonction des ministères, les agents de l’Etat vont commencer à être couverts par des contrats collectifs, comme les salariés du privé. Cette nouvelle donne remplacera les contrats individuels, que les agents souscrivent le plus souvent auprès des mutuelles de fonctionnaires.

Quatre offres finalistes

Selon nos informations, Alan s’est imposée sans proposer l’offre la moins chère, face à trois autres finalistes : MGEN, la puissante mutuelle de l’Education nationale : un duo formé par Mgéfi (mutuelle de Bercy et membre du groupe Matmut) et MCF, la petite mutuelle historique de l’ENA et des personnels du Premier ministre ; et enfin l’assureur Allianz allié au courtier Diot-Siaci.

Alors que la MGEN a contesté le choix d’Alan à la Transition écologique, aucun des candidats déboutés n’envisage pour le moment un recours contre la décision de Matignon, selon plusieurs sources. L’enjeu financier est limité, avec au maximum 15.000 assurés et ayants droit (familles et retraités) contre 150.000 potentiels à l’Ecologie, qui compte 65.000 agents. La MCF, qui avait contesté les modalités du premier appel d’offres de Matignon, finalement remanié, a toutefois plus à perdre que ses grands concurrents.

A la Transition écologique, MGEN avait été déboutée en référé par le tribunal administratif. La mutuelle membre du groupe Vyv a ensuite déposé un recours au fond, début août, pour faire annuler la procédure d’attribution du marché, a révélé « l’Argus de l’assurance ». Les mutuelles dénoncent un dumping tarifaire de la part d’Alan, soupçonné d’avoir bradé le prix des options et mécanismes de solidarité qui complètent les remboursements de base des soins et médicaments.

Non rentable

Plusieurs syndicats se sont également émus du choix d’un acteur encore non rentable, qui a enregistré 30 millions d’euros de pertes au premier semestre. FO a notamment « dénoncé » l’accord qu’il avait signé aux côtés de trois autres syndicats avec l’État employeur, pour mettre en place un contrat collectif pour les agents de la Transition écologique.

« Le retrait de l’accord de FO va complexifier la gestion du contrat mais n’empêche pas sa mise en œuvre. Les équipes de ressources humaines de la Transition écologique et Alan travaillent pour que l’affiliation des agents commence à partir d’octobre et soit effective au 1er janvier », affirme une source porche du dossier. Pour autant, Alan ne se positionnera pas sur tous les appels d’offres, notamment le mastodonte de l’Éducation nationale. Et il ne connaît pas que des succès dans la fonction publique.

La start-up n’a pas été retenue par le ministère de Agriculture, à qui elle aurait demandé de décaler son calendrier, faute de pouvoir absorber ses quelques 40.000 agents en même tant que ceux de l’Écologie. Un consortium de trois assureurs du monde agricole, Groupama, Crédit Agricole Assurances et Agrica, s’est finalement imposé avant l’été.

Share This