Temps 5 : se shooter aux utopies mutualistes.

Titre étrange ?

Ras le bol d’égrener des raisons raisonnables d’être mutualiste !

Et donc ?

Et donc si on se laissait aller …

A se shooter aux utopies.

Et à prendre le risque d’affirmer que réenchanter l’engagement mutualiste c’est se donner les moyens de se sentir :

Utile

Libre

Acteur

Aligné

Humain

Rien que ça !

Tout ça ! Mais je parie qu’il suffit qu’un de ces mots, un seul, fasse écho à une envie inassouvie, un rêve inabouti pour que ce qui suit vous « interpelle » comme on dit.

Mais attention !

Peu de mutuelles sont, aujourd’hui, « outillées » pour nous proposer des utopies.

Et pourtant.

1/ Se sentir utile

On peut synthétiser tout ce qui précède en quelques phrases.

La mission d’une mutuelle c’est d’être utile.

Utile aux autres, utile à l’autre. Utile à celui qui en a le plus besoin. A tous ceux qui en ont besoin. Utile au monde.

Et cette mission ne souffre pas de compromis.

Dans une période de quête de sens, quoi de plus exaltant que d’être au service d’une utilité qui nous grandit, qui nous dépasse ?

Evidemment être utile c’est bien plus qu’exécuter un contrat, calculer des résultats, empiler des process ou marketer des services.

Mais alors qu’est-ce que c’est ?

2/ Se sentir libre

Être utile c’est d’abord s’octroyer la liberté de penser « aux autres ».

La liberté de rêver que nous pouvons faire mieux que de payer des prestations, rembourser des prêts ou prendre en charge des bris de parebrises.

Rêver que nous pouvons donner accès à la santé, au logement, à la mobilité.

Prendre conscience que cette mission non seulement nous oblige mais aussi nous rend légitimes à enjamber tout ce qui entrave : règlementations, injonctions de l’Etat ou du marché …

Libres et légitimes d’imaginer que nos ressources mutualistes (données, logiciels, argent, adhérents, bénévoles …) puissent servir à régler les « vrais problèmes des vraies gens ».

Libres de prendre notre temps, parce que non soumis au court-termisme des actionnaires.

Libres d’apprendre de ceux qui innovent. Libres de nous tromper, de chercher, d’inventer.

Libres d’écouter vraiment nos adhérents, de faire émerger leurs paroles.

Libres de faire éclore des relations, des engagements, qui ne doivent rien à l’argent, au contrat, au process.

Libres de nous mettre collectivement en mouvement : élus, salariés, adhérents, délégués, bénévoles, militants, citoyens, acteurs qui partagent nos valeurs …

Quel plaisir quand on croit être isolé, reclus dans les espaces qui nous sont assignés, de sentir qu’il est possible, tous ensemble, d’aller plus loin, d’aller ailleurs !

Le mouvement crée le mouvement, l’envie des uns relaie celle des autres, et ce qui semblait un rêve soudain prend corps.

Mais pour aller où ?

3/ Se sentir Acteur

Pas besoin de boussole.

Les valeurs mutualistes guident et pavent le chemin vers l’utilité. Même si les pavés sont parfois glissants.

Prenons l’exemple de la démocratie.

Beaucoup d’entre nous – élus et salariés mutualistes – vivons, dans nos organismes, la démocratie – la vraie – comme une contrainte : la démocratie, la vraie, c’est lent, c’est prise de tête.

Et pourtant, dans les sociétés « modernes », elle est partout désirée et partout menacée. Ses formes traditionnelles sont essoufflées, les voies alternatives ou complémentaires sont embryonnaires.

Rêvons un instant d’une mutuelle dans laquelle la délibération, la dispute bienveillante, serait la règle, la mesure. Une mutuelle en mouvement, créative, qui, à tout instant, se poserait, collectivement, la question du sens de son action, qui ne craindrait pas d’affronter et d’assumer, par le débat, les inévitables tensions entre utilité et économie.

Quel beau laboratoire, quel bel exemple, pour tous ceux qui croient possible de réinventer la démocratie ! Et quel pied de nez à tous les populistes de mauvais augure …

Quelle bonne raison pour nous autoriser à témoigner devant tous ceux qui rêvent encore d’un monde meilleur.

Alors ne boudons pas notre plaisir de remettre les valeurs en jeu dans nos mutuelles.

D’être ainsi présents au monde avec tous les acteurs de sa transformation !

4/ Se sentir aligné

Agir en étant utile, agir selon des valeurs …

Sentir qu’un collectif engagé (salariés, élus, bénévoles …) partage les mêmes interrogations et les mêmes buts – au-delà de ou avec nos différences – quoi de plus réconfortant ?

Il est d’usage, aujourd’hui, de désigner cette sensation sous l’expression : se sentir aligné !

Je ne développe pas : tout un chacun a vécu la souffrance de ne pas l’être et le plaisir de le redevenir.

5/ Se sentir… profondément humain

Le projet mutualiste permet, collectivement et individuellement, par l’alignement des buts (être utile) et des voies (les valeurs), de dépasser une bonne partie des tensions qui traversent toute action, tout acteur.

Il permet de conjuguer les plaisirs des chemins singuliers et ceux d’une universelle utilité.

Singulier et universel : en un mot « humain ».

Par Christian OYARBIDE

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