Guillaume et Laure sont tous deux les jeunes parents d’une petite fille de deux ans prénommée Louise. Tout allait pour le mieux depuis sa naissance mais c’était sans compter sur l’arrivée de la Covid 19 qui allait bouleverser leur vie. Depuis le confinement Guillaume, travailleur dans la restauration, est au chômage partiel. Laure est, quant à elle, dans une entreprise de services, elle a pu se mettre au télétravail et maintenir son activité. Tous deux se demandent quand la crise sanitaire se terminera. Depuis l’arrivée du virus, les politiques sanitaires et les protocoles divergent selon les pays, les laissant perplexes : 

Devant le JT de 20h, Guillaume interroge Laure : « Tu as vu le débat sur la chloroquine ? Tu penses que ça peut marcher toi ? » « Je ne sais pas, je n’arrive pas à tout comprendre…. Sur les plateaux on a que des spécialistes, et j’ai l’impression que personne n’est d’accord » lui répond Laure.  Comme beaucoup de personnes, Guillaume et Laure sont dubitatifs, ils ne sont ni médecins ni chercheurs et voir des experts se contredire sur le sujet dans les médias ne les aident pas à y voir plus clair. 

La discussion engagée par le couple se poursuit et couvre désormais le bruit de la télévision : « Beaucoup s’accordent à dire que la crise va s’inscrire dans la durée et qu’il faudra attendre des mois voire des années avant de trouver un vaccin » poursuit Guillaume. « Le vaccin c’est pareil, tous les pays se battent pour l’avoir en premier. Comment veux-tu qu’on puisse leur faire confiance ? Ils veulent que ce soit développé le plus rapidement possible.  Il y a des intérêts économiques avec des grands laboratoires. Tout ça c’est pour faire de l’argent. Il y a dix ans ils nous ont déjà fait le coup avec une épidémie qui n’est jamais arrivée » continue Laure. 

Et pourtant, Louise a bien été vaccinée depuis sa naissance, ses parents ont suivi les conseils de la pédiatre, diphtérie – tétanos – poliomyélite coqueluche hépatite B…. Tous ont bien été faits en temps et en heure. « Pour moi je veux bien le faire si ça me permet de retourner au travail, mais pour Louise je n’en suis pas certain ». Comme beaucoup, le couple s’interroge sur la vaccination. Une récente étude de l’IFOP, en mars dernier, montre que 26% de la population se dit défavorable à une vaccination contre la Covid-19. Chiffre qui monte à 39% chez les 24-35 ans. 

Plusieurs mois se sont écoulés depuis cette discussion devant leur poste de télévision. Alors que Laure cherche à se faire rembourser des dépenses de santé sur le site internet de sa mutuelle, elle tombe sur une campagne faisant la promotion de la vaccination. Cette campagne est portée en partenariat avec l’ARS de sa région. « Tiens c’est marrant, ça arrive alors qu’on en parlait il y a quelque temps avec Guillaume » se dit-elle. Curieuse, elle clique sur la campagne. S’ouvre alors un historique de la vaccination et de ses bienfaits en matière de santé pour la population. 

La semaine suivante, le couple reçoit un courrier de leur mutuelle leur indiquant qu’elle allait animer une soirée sur des initiatives à mettre en place sur la vaccination. Afin d’en discuter avec leurs adhérents, les élus mutualistes pour qui ils ont voté aux dernières élections, organisent une rencontre avec des spécialistes et des médecins. 

Ce soir-là, Guillaume et Louise se rendent à l’agence ensemble car la santé est l’affaire de tous. En plus des intervenants et des représentants de la Mutuelle, une cinquantaine de personnes sont venues. La rencontre débute par une présentation des dernières découvertes scientifiques sur le sujet, suivi d’un temps de réflexion sur des dispositifs à créer, parmi elles une fait consensus. Celle de transformer une partie de l’agence de la mutuelle en un espace de vaccination.

Au cours du débat, Laure prend la parole : « Je comprends mieux, vous voulez aménager un espace comme lors des collectes de sang » ? « Sur le format ça y ressemble beaucoup, mais il y aurait plus de monde et la temporalité sera plus importante » lui répond un spécialiste présent parmi les intervenants. Elle poursuit : « d’accord mais qui vient ? Parce que ce soir c’est une réunion organisée par notre mutuelle. C’est compliqué de mettre un tel dispositif en place et de refuser les personnes extérieures. » A coté d’elle Guillaume et d’autres personnes acquiescent de la tête. « Il y a quelques semaines une campagne en ligne expliquait quel avait été le rôle des mutuelles dans les différentes vaccinations des populations. A mon sens, il s’agit là de faire de même et de s’inscrire dans cet héritage ». L’avis est partagé unanimement par l’ensemble des personnes présentes autour d’elle.  

C’est bon, le jour que tout le monde attendait et dont tout le monde parle est arrivé, le vaccin est enfin disponible deux ans après le début de l’épidémie. Il y a foule devant l’agence, l’ARS et la mutuelle sont présentes. Soucieuses d’inscrire et de coordonner leur action dans le territoire, elles ont invité des pharmaciens, médecins et personnels en soins infirmiers à participer au dispositif de vaccination. Guillaume est là avec Louise, dans la file d’attente, ils patientent. Les activités socio-économiques vont pouvoir reprendre dans les semaines à venir. Laure, quant à elle, s’est déjà fait vacciner la veille. En effet, le dispositif mis en place avait besoin de bénévoles, elle s’est naturellement portée volontaire.

Par Bastien Zapata.

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