De retour de vacances, les jeunes voisins de Nathalie sont venus lui rendre visite. Après lui avoir décrit la région magnifique dans laquelle ils ont fait du camping, ceux-ci lui font part de leur rentrée difficile sur le plan financier. Et de lui expliquer qu’avec le remboursement médiocre de la sécurité sociale et de leur complémentaire, les derniers soins dentaires les ont mis dans une situation délicate.

Tout en essayant de leur remonter le moral, car selon l’adage, plaie d’argent n’est pas mortelle, Nathalie leur demande quelle est leur complémentaire. Très gênés, ils lui racontent alors qu’ils sont allés au plus près de leur domicile, au sein d’un petit organisme, peu connu. Ils ajoutent alors que c’est sans doute pour cette raison que le remboursement est si peu important.

Connaissant l’organisme auquel ils se réfèrent, elle les félicite d’avoir eu l’intelligence de souscrire leur contrat auprès d’une mutuelle. Pourquoi lui demandent-ils ?

Nathalie, aujourd’hui retraitée, a été salariée d’une mutuelle santé tout au long de sa vie. Elle leur explique alors la différence entre les différents types d’organismes complémentaires et leur décrit les valeurs de proximité, de démocratie et de solidarité des mutuelles santé ainsi que leur modèle économique si particulier. Très dubitatifs, ses amis lui répondent que tous les organismes sont identiques, et qu’ils ne sont pas convaincus par ces valeurs mises en avant.

Très contrariée, elle leur présente alors un exemple de la solidarité mise en place au sein des mutuelles : la commission d’action sociale. Créée conformément à l’agrément de la Mutuelle, elle peut verser une aide financière ponctuelle et, sous conditions, aux adhérents qui rencontrent des difficultés pour financer les soins ou si, au regard de leur situation, un reste à charge sur les dépenses de santé paraît trop élevé.

Stupéfait par cette révélation, le jeune couple la remercie et l’assure qu’ils vont effectuer cette démarche dans les meilleurs délais. Ils la tiendront bien entendu informée du résultat obtenu.

Et en effet, Nathalie apprend qu’ils ont obtenu une aide après avoir rempli un dossier.

Mais, tout de même, elle trouve injuste que ce soient ceux qui ont eu la chance d’être informés qui aient accès aux aides, alors que d’autres qui en auraient eu plus besoin vont passer au travers.

Elle décide de réunir un petit groupe d’adhérents de sa communauté de communes, rencontrés au cours d’une réunion d’information de la mutuelle, pour échanger sur cette question. Spontanément, ils décident d’écrire à la mutuelle pour leur demander l’adresse des autres adhérents du territoire afin d’aller voir si eux aussi n’auraient pas besoin d’aide.

La mutuelle répond qu’au chef-lieu du département un bénévole est en charge de ce type d’action : mais le chef-lieu est à 40 kilomètres par des petites routes et le bénévole, un peu esseulé, avoue franchement qu’il n’a pas le temps ni les moyens de procéder au recensement des besoins : « D’autant, ajoute-t-il, que si tout le monde fait ça dans tous les départements, les budgets vont exploser. »

Nathalie n’est pas convaincue par ce rationnement des aides par la désinformation. Obstinée, elle écrit à la direction de la mutuelle, aux élus et obtient d’avoir une petite dotation délocalisée pour sa communauté de communes, sous le contrôle du bénévole référent du département.

Le système fonctionnant, ce dernier décide de l’étendre aux autres zones dépendant de lui et convainc d’autres référents d’autres départements de procéder de la même façon.

Nathalie, jamais à court d’idées, décide de demander à la mutuelle des moyens pour une campagne de vaccination contre la grippe – essentielle dans cette période de Covid – à destination des plus fragiles de son territoire. Elle refuse que « les plus fragiles » soient définis d’en haut et se met en rapport avec les infirmières et pharmaciens du coin pour qu’ils relaient sa campagne (sans trahir le secret médical).

Et c’est ainsi qu’un jour, quelqu’un, là-haut, à Paris, découvre que la proximité – valeur mise en avant par cette mutuelle – qui a grossi par absorption – et l’engagement militant ont éclos spontanément sur l’un de ses territoires. Intelligemment, la mutuelle décide de ne pas normaliser l’expérience, mais plutôt d’inviter Nathalie à rencontrer d’autres adhérents et bénévoles actifs qui ont envie de « bouger » pour leur expliquer.

Et c’est parti !

Par Aimée Weber

Histoire N° 4 : Embarquons les acteurs du logement

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