Avant les vacances, les trois animateurs de ce blog vous proposent une mini sélection d’ouvrages qu’ils ont aimés et aimeraient partager avec vous.

Les propositions de Christian :

Les ouvrages que je vous propose présentent tous la caractéristique de remettre en cause les doxas (les idées avec lesquelles on pense sans même le savoir) qui limitent notre capacité à inventer le monde de demain. 

Ce ne sont pas exactement des trucs à lire sur la plage, mais comme elles risquent d’être difficilement accessibles …

  • Le premier sera mon ouvrage fétiche : Alain Supiot, La gouvernance par les nombres. Un bouquin qui devrait être au programme de formation de nos régulateurs et qui montre, entre autres, comment on réduit le réel à ce qui est mesurable, ce mesurable apparemment objectif étant lui-même le produit d’une idéologie. Le livre vaut pour son sujet mais aussi pour la méthode, l’érudition…    
  • En second lieu, avec la même vertu déconstructive/reconstructive : Antoine Garapon et Jean Lassègue; Justice digitale. Le titre peut paraître technique mais en réalité les démonstrations et les concepts utilisés pour démonter comment le « digital », de manière souterraine, apparemment objective là encore, porte une vision idéologique du monde, au service d’un néolibéralisme « moderne », sont saisissants. 
  • Un ouvrage très pédagogique de David Cayla, L’économie du réel, accessible même à ceux qui, comme moi, ne sont pas nourris de culture économique : une déconstruction systèmatique, mais pas caricaturale à mon sens, des présupposés que l’économie libérale veut nous faire prendre pour naturelles, mais jamais vérifiés dans le monde réel. 
  • Et puis parce qu’elle ne figure pas dans le collectif d’économistes réunis par E. Macron, en dépit de son prix Nobel : Esther Duflot, Abhijit V. Banerjee, Economie utile pour les temps difficiles. Un gros livre, mais chaque paragraphe peut (presque) se lire indépendamment et donne à penser. 
  • Et enfin, parce que Grégory Doucet (le nouveau maire de Lyon) a utilisé les concepts de « terrestres et non terrestres » pour qualifier les clivages idéologiques de la période, le livre de Bruno Latour, Où atterrir ? où il expose son concept de « terrestre ». Un antidote à l’ironie facile des réseaux sociaux à l’encontre de Grégory Doucet, mais il faut reconnaître que balancer ces mots chez Bourdin et sans décodeur n’est pas un modèle de pédagogie politique.          

La sélection de Jean :

Aux propositions de Christian, je rajouterai :

  • La publication de l’Institut Montaigne, Rapport sur l’e-santé: augmentons la dose ! Il permet de comprendre l’impérieuse nécessité pour l’ESS, les mutuelles, d’être actifs dans le champ du numérique sous peine de se réveiller après la bataille …
  • Capitalisme et progrès social d’Anton Brender : quoique parfois schématique, cet ouvrage a le mérite de remettre l’accent sur les aspects fondamentaux des inégalités sociales et sur la bataille démocratique pour le progrès social.
  • J’ai beaucoup aimé Quand la gauche essayait encore de François MORIN, : le récit circonstancié des négociations au sein du gouvernement Mauroy sur le périmètre et les modalités des nationalisations… On est toujours trahi que par les siens…

Plus adaptés au soleil des vacances, quelques polars savoureux :

  • De Dona LEON, Les disparus de la lagune qui nous emmène dans un coin de Venise que je ne connaissais pas.
  • -Les polars d’Olivier NOREK (tous) qui disent beaucoup de la réalité de la banlieue, de la crise de la police, de l’actualité, en quelque sorte.

Et enfin Aimée vous suggère deux romans :

  • La vie mensongère des adultes par Elena Ferrante, qui demeure un mystère au niveau mondial. Un très beau roman d’apprentissage de la vie.
  • Le flambeur de la Caspienne de Jean-Christophe Rufin, : les nouvelles aventures d’Aurel Timescu, Consul de France dans un endroit de rêve et une ambassade de cauchemar.

Par Christian Oyarbide.

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