Face à un gouvernement qui veut se refaire une image à bon compte en distribuant l’argent des complémentaires et, de fait, l’argent des ménages, la mutualité, et toutes les fédérations et organismes confondus, disent leur ras-le-bol d’être considérés comme des payeurs aveugles.
Cela se comprend, c’est même la logique intrinsèque du système de protection sociale depuis 30 ans d’avoir transféré sur les complémentaires, avec leur accord explicite ou tacite, une part de plus en plus importante du financement de la santé. En voulant devenir des assureurs, les mutuelles ont ouvert le champ à un marché concurrentiel que l’Etat exploite à volonté et qui fait payer aux adhérents et aux Français en général l’amélioration de leur couverture sociale, nécessaire par ailleurs.
C’est la double peine ! Vous allez payer et en plus vous allez apparaître comme n’étant pas solidaire, dixit la Première ministre !
La mutualité, (qui n’est pas « les complémentaires », faut-il le rappeler) ne sortira de cette contradiction que si, enfin, elle retrouve le goût pour produire un projet de solidarité et de santé, le proposer aux Français et le mettre en œuvre chaque fois que cela sera possible.
La mutualité ne peut pas continuer à s’intéresser aux seules populations solvables, à prendre en charge les montures optiques de luxe et à faire de l’action sociale à la marge. Elle doit revendiquer ses valeurs et les incarner dans des mises en œuvre.
Sauf à rester à la fois payeur aveugle et politiquement paralytique ! Un comble !
Par Jean Sammut, Président de M.L.S.