Effort budgétaire, pourquoi charger la barque ?

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Est ce que la situation n’est pas suffisamment compliquée et la classe politique suffisamment décrédibilisée pour que l’on aie besoin de changer les méthodes de calcul et ainsi tendre un peu plus le débat ?

Avec ce retour au mode traditionnel de présentation de l’effort budgétaire, le chiffre affiché sera bien inférieur aux 44 milliards d’euros.

C’est bel et bien fini des «44 milliards» d’euros d’effort prévus dans le budget 2026.

Depuis un an, Matignon et Bercy calculaient l’effort budgétaire à effectuer en référence à un « scénario tendanciel » opaque, ce qui avait pour conséquence d’accroître le nombre affiché de milliards d’euros à trouver. Les partis politiques s’étaient à leur tour calés sur ce système. Le nouveau locataire de Matignon souhaite revenir au mode habituel de présentation du budget, indiquent des sources concordantes.

Jusqu’en 2024, les gouvernements présentaient le budget d’une année en le comparant à celui de l’année précédente. Une façon de communiquer simple et compréhensible par tout un chacun. Mais, à l’automne 2024, Michel Barnier décide d’innover. A peine nommé premier ministre, il met en scène son projet de budget pour 2025 en le rapportant non à celui voté pour 2024, mais à ce qui, selon lui, se passerait en 2025 si aucune mesure n’était prise pour redresser la situation.

Ainsi annonce-t-il un impressionnant «effort» d’assainissement de «6o milliards» d’euros, par rapport à un scénario hypothétique où les dépenses continueraient à grimper, en raison notamment de l’inflation.

Quelques mois plus tard, son successeur, François Bayrou, choisit de maintenir cette communication atypique. C’est ainsi que, durant l’été, surgissent dans le débat les «40 milliards» d’euros mis en avant pour 2026, devenus «43,4 milliards » ou « 44 milliards» une fois prise en compte la hausse des crédits militaires réclamée par Emmanuel Macron au regard des menaces internationales.

« Ces 44 milliards, c’est la marche que nous devons suivre pour que notre pays sorte de la malédiction immédiate de la dette », dramatise le premier ministre sur les plateaux en août, dans l’espoir d’échapper à un vote négatif des députés.

Ces milliards correspondent à l’écart entre le déficit public visé en 2026 et celui prévisible cette même année en prolongeant les tendances.

Le mode de communication choisi par Michel Barnier et conservé par son successeur a d’emblée suscité la contestation des spécialistes du budget, qu’il s’agisse des économistes, des parlementaires, du Haut Conseil des finances publiques ou encore du gouverneur de la Banque de France. Il n’est certes pas interdit de comparer un budget réel avec un quelconque scénario.

Mais il est tout de même plus logique de prendre pour point de référence le budget de l’année précédente. Et si on s’en écarte, il faut le préciser clairement, et détailler sur quelles hypothèses repose le scénario choisi, ont dit tous les experts.

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