Cela devient lassant. Je sais que c’est injuste.

Il y a des milliers de personnes qui croient à l’utilité et à l’efficacité de la solidarité, qui se démènent dans leur travail, dans leurs engagements pour que ce système de protection (on dirait maintenant de régulation) typiquement français ne disparaisse pas, ne se transforme pas en son contraire : un système qui légitime l’exclusion, où les acteurs de la protection sociale seront les administrateurs de l’exclusion, les gardiens d’une société à plusieurs vitesses, agissant en toute bonne conscience.

Mais la situation politique est terrifiante, pas seulement celle montrée jour après jour par nos gouvernants. Je parle de celle qui concerne notre secteur et qui est éminemment politique, même si beaucoup se complaisent à ne la regarder que par le petit bout de la lorgnette des équilibres techniques.

Quelle est la boussole mutualiste dans ce moment qui n’a jamais été aussi important pour la protection sociale, obligatoire ou complémentaire, dans ce moment décisif pour l’organisation du système de santé, dans ce moment d’incertitude existentielle pour notre forme démocratique ? On ne sait plus !

Quelle est notre boussole ? La solidarité ? Les mutuelles quittent les unes après les autres le dispositif C2S, créé, sans qu’elles ne réagissent,  pour que seule la SS s’occupe de l’assistance alors qu’elles s’occuperaient dans un marché concurrentiel de l’assurance ? La santé ?

Quel est le point de vue des complémentaires, de la mutualité, sur la réorganisation  indispensable du système de santé ?

Quelle est leur part dans le réglementaire d’un seul de la multitude des problèmes auxquels est confronté le système ?

Quelle stratégie commune sur les territoires ? Quel projet fédérateur qui puisse mobiliser nos adhérents ? 

Ne pas payer plus de taxes ? Les complémentaires sont devenus des fermiers généraux depuis plus de 10 ans !
Et pour en revenir à la mutualité : la démocratie, l’engagement, où sont-elles ?
Belle lurette, qu’elles se sont fondues dans les contraintes prudentielles.

On ne bouge plus, on ne nous entend plus, alors que tout bouge autour de nous et que justement la transformation en cours du monde, de notre monde, appelle un mouvement social solidaire, démocratique, à la fois responsable et engagé, gestionnaire et acteur social.

Il y a des moments comme ça, où on n’a pas envie !

Par Jean Sammut, Président de la Mutuelle Les Solidaires.

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