Par Solenn POULLENNEC Publié le 29 juil. 2024 dans Les Echos
Les dépenses faites par les Français pour se soigner « en ville » ont galopé depuis janvier. La facture des remboursements de ces soins risque de déraper de plus d’1 milliard d’euros d’ici à la fin de l’année, alertent des experts alors que les comptes de la Sécurité sociale sont déjà très dégradés.
Le remboursement des médicaments, visites médicales et autres « soins de ville » prodigués aux Français pourrait coûter 1 milliard d’euros de plus que prévu cette année, a mis en garde vendredi un comité de spécialistes des finances publiques. De quoi détériorer encore les comptes de la Sécurité sociale alors que les discussions budgétaires de l’automne prochain s’annoncent déjà ardues sur fond de recomposition politique.
Sur les six derniers mois, les dépenses de soins de ville ont progressé de 5,7 % par rapport à la même période en 2023, détaille le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie dans son dernier avis. C’est plus que les 4,2 % de hausse prévus dans le dernier budget, soulignent ces experts chargés de vérifier que la facture reste dans les clous de ce qui a été convenu par le Parlement.
Le remboursement des médicaments, visites médicales et autres « soins de ville » prodigués aux Français pourrait coûter 1 milliard d’euros de plus que prévu cette année, a mis en garde vendredi un comité de spécialistes des finances publiques. De quoi détériorer encore les comptes de la Sécurité sociale alors que les discussions budgétaires de l’automne prochain s’annoncent déjà ardues sur fond de recomposition politique.
Sur les six derniers mois, les dépenses de soins de ville ont progressé de 5,7 % par rapport à la même période en 2023, détaille le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie dans son dernier avis. C’est plus que les 4,2 % de hausse prévus dans le dernier budget, soulignent ces experts chargés de vérifier que la facture reste dans les clous de ce qui a été convenu par le Parlement.
L’envolée du coût des soins de ville est imputable à « la plupart des postes », relève le Comité. Autrement dit, si la note est plus salée que prévue, c’est aussi bien en raison des honoraires versés aux médecins spécialistes ou aux kinés qu’à cause des remboursements de médicaments, de transports sanitaires ou d’actes de biologie médicale. L’indemnisation des arrêts maladie a aussi coûté plus cher qu’anticipé.
Résultat : si la tendance constatée en début d’année se prolonge, le comité anticipe un dérapage « d’un peu plus d’1 milliard d’euros ». Les soins de ville, pesant déjà pour plus de 40 % du total des dépenses de santé, coûteraient autour de 110 milliards en fin d’année. Et ce, même si le gouvernement d’Élisabeth Borne a décidé l’an dernier de mettre davantage à contribution les patients, en augmentant les franchises sur les visites médicales et les médicaments.
Pour prévenir une sortie de route de l’ensemble des dépenses de santé, le budget prévoit bien des « réserves ». Le comité estime toutefois que seulement une partie pourrait être utilisée pour financer les soins de ville. Difficile par exemple de compter sur le coussin de sécurité budgétaire prévu pour les hôpitaux de 570millions d’euros). Car les hôpitaux publics, qui ont tendance à tourner en sous-régime, sont déjà dans un état financier déplorable, relèvent les experts, agacés par le fait que ceux-ci n’ont toujours pas bouclé leur compte 2023.
In fine, en piochant dans certaines « réserves » et en misant sur le fait que l’Assurance Maladie va demander aux laboratoires de biologie médicale de se serrer la ceinture, le dérapage des dépenses de santé, toutes catégories confondues, pourrait être contenu à « plus de 500 millions d’euros ». Un montant tout de même « significatif » pour le comité. Et qui reste sujet à caution, les hôpitaux publics bénéficiant par exemple souvent de rallonges budgétaires.
S’il se confirme, le dérapage des dépenses de santé promet de peser sur les comptes de la Sécurité sociale, déjà très dégradés et jugés carrément « hors de contrôle » par la Cour des comptes en mai. Compte tenu de recettes moins importantes que prévu, le déficit du système de protection sociale est désormais attendu à 16,6 milliards d’euros à la fin de l’année.
Discussions tendues
Malgré la fin de la pandémie, la branche maladie est très déficitaire. Déjà confrontée à des dépenses de santé en hausse sur fond de vieillissement de la population et de développement des maladies chroniques, elle doit aussi faire face au coût des revalorisations des professionnels de santé décidées après le coronavirus. La facture doit encore s’alourdir l’an prochain avec augmentation de la rémunération des médecins libéraux décidée au printemps.
Les finances de la Sécurité sociale sont aussi plombées par la branche vieillesse, dans le rouge, malgré la réforme des retraites décidée en 2023. Ces derniers mois, les alertes d’experts se sont multipliées sur l’aggravation des déficits du système de retraites, et le besoin de réformes pour le remettre à l’équilibre.
Dans le même temps, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national promettent d’abroger la réforme des retraites dès l’automne. Au risque de dégrader encore la santé financière de la Sécurité sociale, même si le NFP promet, en cas d’accès à Matignon, de nouvelles recettes via notamment des hausses de cotisations sociales. Les discussions budgétaires, déjà mal préparées compte tenu de la dissolution et de la démission du gouvernement, s’annoncent particulièrement tendues. D’autant que la France est dans le viseur de Bruxelles qui pourrait la sanctionner si elle ne redresse pas ses finances.
En quelques phrases, un panorama assez clair de la hausse des dépense de santé pour cette année et l’année prochaine :
« Des dépenses de soins de ville qui ont progressé de 5,7% par rapport à la même période en 2023…. Une envolée qui touche la plupart des postes…»
« Un dérapage des dépenses de santé jugé hors de contrôle par la Cour des Comptes …»
« Une facture qui devrait s’alourdir l’an prochain avec l’augmentation de la rémunération de médecins libéraux…»
Il ne faudra pas faire semblant de s’étonner que les coûts des complémentaires augmentent au moins dans les mêmes proportions pour 2025.