Cette injonction que l’on trouve tout au long des colonnes des journaux, et à laquelle on adhère, cela veut dire quoi pour l’ESS, pour la mutualité ?
Plein de questions pourraient nous venir à l’esprit…
Dans quels secteurs investir ? à quel niveau ? de quelle manière ? dans quels objectifs ?
Quel rôle dans la « préparation » de la société aux éventuelles futures catastrophes sanitaires ? Quelle vision (mais aussi, quelles pratiques ? Quelles réalisations ? car n’oublions pas que nous sommes à la fois « entreprises et mouvements ») d’une société plus humaine, plus résiliente ? Quelle place dans le développement de l’offre de santé ? dans l’organisation des réseaux de service aux populations ? et notamment aux populations les plus défavorisées, dont il va peut-être falloir s’occuper aussi ? (et non seulement sur un plan purement administratif, comme dans la C2S) ? Quelle proximité, avec quels bénévoles, quels militants, surtout si l’essentiel de notre énergie est consacrée à vérifier la qualité de nos fonds propres ? quelle proximité, alors qu’il est évident pour tous, que la crise va créer de nouvelles concentrations ? comment faire pour que la création monétaire massive à la laquelle on assiste et qui est absolument nécessaire soit un levier pour un élan de démocratisation de l’économie ? et comment faire pour qu’on évite les impasses du retour du débat sur les vertus mythiques « des nationalisations et du nationalisme » ?
Mais il y a une question première, et notamment dans l’ESS où le contentement de soi est de rigueur, c’est peut-être de se poser ces questions pour soi-même avant de les poser aux pouvoirs publics ou « à la société » !
Redémarrer autrement, c’est aussi s’interroger sur ce qui ne fonctionne pas dans nos modèles de fonctionnement, c’est mettre en débat avec la population, les citoyens, nos choix, de façon précise, dérangeante, et pas seulement réunir ceux qui sont toujours d’accord et essayer d’expliquer que l’on avait raison avant …
Par Jean Sammut.