Article de Myriam Chauvot, paru dans Les Echos le 9 janvier 2024

Veozah, un traitement non hormonal contre les bouffées de chaleur, a été approuvé en Europe, et un second, de Bayer, arrive.

La donne va changer en 2024 pour la santé des femmes en France. Depuis décembre apparaissent les premiers traitements des bouffées de chaleur, dues à la ménopause, qui ne soient pas hormonaux. Une innovation bienvenue pour toutes celles refusant les traitements hormonaux, ou ne pouvant pas les prendre (celles ayant eu un cancer du sein, des ovaires ou des problèmes cardiovasculaires, par exemple).

Se profile aussi une autre avancée majeure, pour la santé des femmes, sur l’endométriose, une source de douleurs extrêmes pendant les règles. Un test salivaire innovant de détection, fabriqué par la biotech française Ziwig, va être pris en charge, a décidé la Haute Autorité de santé.

Action neuronale

70 % des femmes souffrent de bouffées de chaleur à la ménopause. Elles sont dues à une baisse du taux d’oestrogène, une hormone qui « modère » les neurones régulant la température corporelle. Faute d’oestrogènes, les neurones concernés « dysfonctionnent », et les nouveaux traitements visent à les neutraliser sans modifier l’état hormonal. Le premier d’entre eux, Veozah, du japonais Astellas Pharma, bloque ainsi la protéine neurokinine 3 au niveau du cerveau.

Délivré sur ordonnance, Veozah a été autorisé aux Etats-Unis en mai 2023, puis au Royaume-Uni et en Europe en décembre. Suivra bientôt le traitement de l’allemand Bayer, qui a annoncé lundi le succès des essais cliniques de son produit. Ce dernier (dont la molécule s’appelle « elinzanetant ») neutralise deux protéines neuronales à la fois, les neurokinines 1 et 3.

Veozah (dont la molécule est baptisée « fezolinetant ») cible les femmes de moins de 65 ans, et n’est pas approuvé au-delà de 65 ans, faute de données cliniques sur les plus âgées. Des centaines de milliers de femmes sont concernées, rien qu’en France.

Pour son médicament d’un genre nouveau, Bayer voit un potentiel de ventes d’un milliard de dollars par an. Mais reste à voir la taille réelle du marché. Celui-ci dépendra de l’adhésion des femmes à des médicaments à action neuronale rappelant les anxiolytiques (certains agissent eux aussi sur la neurokinine 1). Le succès dépendra aussi de leur efficacité en vie réelle. Ils ne fonctionnent que pour les bouffées de chaleur, pas les autres problèmes médicaux liés à la ménopause (perte de densité osseuse, etc.).

En essais cliniques, après douze semaines, 60 % des femmes ayant testé Veozah observaient une amélioration de la qualité de leur sommeil et une réduction de la fréquence des bouffées de chaleur, mais c’était aussi le cas de 45 % des femmes du groupe placebo. Reste aussi, pour ces médicaments, à obtenir d’être remboursés (aux Etats-Unis, Veozah coûte 550 dollars par mois).

Diagnostic immédiat

Dans l’immédiat, en France, la prise en charge de la santé des femmes avance sur un autre front. La Haute Autorité de santé (HAS) a rendu lundi un avis favorable à la prise en charge d’un test salivaire mis au point par la biotech lyonnaise Ziwig. Baptisé « Endotest », celui-ci détecte l’endométriose, une maladie chronique qu’il faut aujourd’hui en moyenne sept ans pour diagnostiquer. Or l’endométriose, qui se caractérise par d’importantes douleurs menstruelles et/ou des troubles de la fertilité, touche une femme sur dix.

Innovation mondiale, le test salivaire Endotest de Ziwig est déjà commercialisé autour d’un millier d’euros dans une dizaine de pays d’Europe et du Moyen-Orient. L’avis de la HAS se fonde sur un essai d’Endotest par un millier de femmes souffrant d’endométriose et montre une précision de 95 %.

La HAS s’est déclarée favorable à un remboursement qui serait, dans un premier temps, sous statut d’accès précoce, financé par le « forfait innovation » pour les femmes de plus de 18 ans suspectées d’endométriose. Reste au gouvernement à trancher… et à la science à avancer, car, pour le moment, il n’existe pas de traitement curatif de l’endométriose.

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