Article Par Amélie Laurin Paru dans Les Echos le 12 avril 2024 

Le groupe paritaire de protection sociale est en train de créer un quatrième pôle d’activité dédié aux services. Le résultat net a grimpé de 19 % l’an dernier, malgré la baisse du chiffre d’affaires.

Sortir de son rôle traditionnel d’assureur, telle est l’une des ambitions d’Apicil pour son prochain plan stratégique attendu fin 2024. « Nous voulons faire des services un quatrième métier, producteur de valeur et de résultat, au côté de la retraite complémentaire, de l’assurance santé et prévoyance et de l’épargne », déclare aux « Echos » Philippe Barret, directeur général d’Apicil, qui annonce ses résultats annuels ce vendredi.

Pour l’instant, les services restent une toute petite activité chez le numéro trois des groupes paritaires de protection sociale (gérés par le patronat et les syndicats) derrière AG2R la Mondiale et Malakoff Humanis. « Cela représente aujourd’hui quelques dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires et nous sommes en phase d’investissement », indique Philippe Barret.

Des ambitions fortes

Mais le groupe lyonnais a de fortes ambitions. L’an dernier, il a lancé Gentto, un opérateur de gestion (remboursement de soins…) en assurance santé et prévoyance, en partenariat avec Docaposte, filiale de La Poste.

En 2022, Apicil avait pris le contrôle de Bluelinea, un opérateur de téléassistance pour les personnes âgées. Dans son portefeuille figurent Plébagnac (courtier en assurance spécialisé du handicap), M’O transition (coaching professionnel) ou Moodeligtht (conseil en relations sociales). « Nous voulons structurer ce qui existe dans une entité commune, et continuer à étoffer l’offre en matière de qualité de vie et conditions de travail. » annonce le directeur général. L’an dernier, le groupe s’est doté d’un directeur général adjoint en charge des services, Thomas Perrin, auparavant en charge de la santé prévoyance.

La volonté de diversification touche aussi les métiers traditionnels d’Apicil. Le groupe a acquis l’an dernier la startup Nalo, spécialisée dans le conseil financier automatisé. En février, il a pris la main sur Alpheys, un fournisseur de produits pour les conseillers en gestion de patrimoine dont il détenait 40 %. Enfin, Apicil a accueilli cette année la mutuelle Territoria en difficulté pour étendre sa présence dans la fonction publique territoriale. Nous allons créer une société d’assurance qui reprendra le portefeuille de Territoria avec un besoin en fonds propres de 100 millions d’euros environ, précise Philippe Barret.

Assurance santé en perte

Ces opérations n’empêchent pas Apicil d’afficher un résultat net en hausse de 19 % l’an dernier, à 57,3 millions d’euros. Le chiffre d’affaires (hors retraite-complémentaire Agirc Arrco) a en revanche reculé de 5,7 à 3,3 milliards d’euros, en raison d’une baisse de 13 % de la collecte brute d’assurance-vie et épargne retraite, à 2,22 milliards d’euros.

Les cotisations en santé et prévoyance ont en revanche augmenté de 13 % à 1,31 milliard d’euros, sous l’effet de la hausse des tarifs et de 170 millions d’affaires nouvelles, un record – après plusieurs années de redressement technique -, on aurait dit « stop » avant les autres à la dérive de la sinistralité, indique le dirigeant. On en a pâti sur le plan commercial, mais cela nous réussit aujourd’hui.

Si la prévoyance (décès, invalidité) est rentable, l’assurance santé reste en perte. « Nous anticipons une hausse des dépenses de santé de 7 à 8 % par an, du fait du vieillissement de la population active, qui représente les trois quarts de nos assurés et de la volonté de transférer encore davantage de charges de la Sécurité sociale vers les organismes complémentaires« , prévient le patron d’Apicil

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