Dans ses 24 propositions pour le Ségur de la santé (mi-juin 2020), la FNMF propose notamment : 

« La minoration sensible de la rémunération des professionnels du premier recours intervenant en dehors d’un espace de santé pluriprofessionnel (ESP).»

« Le recours en proximité au sein d’espaces de santé pluriprofessionnels (ESP) doit être systématisé pour les soins non programmés et la prise en charge des maladies chroniques stabilisées. Cela implique une action politique volontaire pour accélérer les regroupements en simplifiant les conditions réglementaires de constitution et de portage de projet et les conditions d’exercice coordonné. »

Evidemment, les syndicats de professionnels de santé ont réagi vivement (citations extraites d’un article de l’Argus de l’Assurance). 

Le Syndicat des médecins libéraux estime que « La Mutualité prône la fin de la liberté d’exercice des médecins libéraux en rendant obligatoire l’exercice en mode kolkhoze et les rémunérations collectivistes qui s’y rattachent. Fidèle à la couleur de son logo, la Mutualité souhaite le retour vers un modèle dépassé où toute initiative individuelle serait proscrite et ceux qui résisteraient le paieraient au prix fort puisque leurs rémunérations seraient baissées. » La CSMF dénonce les propositions d’une fédération qui « visiblement, ne connaît pas la réalité que vivent les Français au quotidien … ». Les Chirurgiens-dentistes de France mettent en cause une « vision bureaucratique de technocrates éloignés des réalités du terrain… qui « cache une volonté décisionnaire centralisée de maîtrise des coûts, axée sur la seule gestion du risque. » la FNMF devrait « s’occuper de ce qui la concerne » notamment de « diminuer ses coûts de gestion. »

Gagné ! 

Re-voilà des arguments qui vont bientôt fêter leur centenaire ! Re-voilà une absence de dialogue entre la mutualité et les professionnels de santé encore plus ancien ! 

Qui gagne quoi à ce jeu ? 

Je ne vais même pas tenter de répondre à cette question, car la réponse est au moins aussi éculée que les arguments des syndicats et que la méthode de la mutualité. 

N’y aurait-il pas mieux à faire dans cette période ? 

Pourquoi, par exemple, sans chercher midi à quatorze heures, la mutualité qui met en avant, à juste titre, l’exercice coordonné, est-elle absente des terrains d’expérimentation que constituent les CPTS ? (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé).

400 projets étaient recensés fin 2019, 1000 sont prévus d’ici 2022 (source MACSF). 

Ce n’est pas rien.

N’aurions-nous pas pu, nous mutualistes – avec un peu d’humilité et de travail – accompagner ces communautés, écouter les professionnels de santé qui s’y engagent, travailler avec eux pour en tirer des enseignements ? 

Si nous avions choisi cette voie, les propositions ci-dessus auraient sans doute été « un peu », « beaucoup » différentes, au profit d’objectifs partagés avec les PS acteurs de ces CPTS. 

Les vieux arguments anti-mutualité des syndicats de professionnels de santé seraient sans doute apparus bien rassis. 

Raté ! 

D. Tabuteau et M. Hirsch, quand ils relanceront l’idée de supprimer les complémentaires santé,  auront une fois de plus ces syndicats à leurs côtés.

par Christian Oyarbide

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