Nous, mutualistes, professons les vertus de la démocratie, de la solidarité, de la proximité, de l’engagement et autres valeurs « génétiques » de notre mouvement.
Que veulent-elles dire au fond, pour chacun de nous ? Au fond ? Tripalement ?


Comment ces valeurs façonnent-elles notre rapport à l’autre, à l’adhérent, non pas comme entité abstraite, mais comme être réel, charnel, incarné dans ses attentes, ses désirs, ses difficultés


Comment l’écouter ? Mais surtout pourquoi l’écouter ?
La magie de nos Assemblées Générales unanimistes étouffe les voix de chacun. Nos formes de démocraties représentatives gomment les expériences singulières.


De surcroît, légitimés par des élections jouées d’avance, nous, dirigeants, exerçons un pouvoir que nous avons conquis dans les couloirs de nos institutions. Pas dans la confrontation avec des individus concrets, des attentes incarnées.


Cette abstraction nous donne un sentiment de surplomb qui, très vite, peut se transformer en sentiment de supériorité.


Qu’en est-il alors de notre implication personnelle pour la démocratie, l’engagement, la proximité, la solidarité ? Toutes ces valeurs qui ne prennent sens que dans l’incarnation, la pratique.


Par chance, les process, les réglementations, les normes, les directives, nous permettent d’éluder la question : nous avons tant à faire avec elles que la discussion sur le contenu de notre engagement mutualiste est reléguée à un niveau de priorité très très bas dans nos emplois du temps. Dans la cartographie des risques mutualistes, je n’ai jamais trouvé le risque de défaut de proximité, de démocratie, de solidarité. Cette armure règlementaire, jamais terminée, toujours renforcée, nous dispense de nous déboutonner.


L’adhérent, horizon indépassable de nos incantations, n’y pénètre pas. Il ne nous distingue plus sous l’armure et nous ne le voyons plus à travers ce heaume.
Pour nous débarrasser de tout cela, si nous nous réclamions d’une nouvelle valeur ?

L’Humilité.

Par Christian Oyarbide.

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