Les assureurs, après avoir pris d’infinies précautions (et commis quelques ratés), ont compris tout le parti qu’ils allaient pouvoir tirer de cette crise et du sentiment de « vulnérabilité » évoqué immédiatement il y a déjà quelques jours par D. Kessler  et repris par le Président de la République dans son allocution du 14/04.

Chacun mesurera à la lecture de l’article intitulé « Trois conditions pour bien redémarrer l’économie » de Jean Lorenzi, paru dans Les Echos du 16/04/2020, combien les assureurs après avoir pris d’infinies précautions (et commis quelques ratés), ont compris tout le parti qu’ils allaient pouvoir tirer de cette crise et du sentiment de «vulnérabilité» évoqué immédiatement il y a déjà quelques jours par D. Kessler  et repris par le Président de la République dans son allocution du 14/04.

Définir, au nom du nécessaire retour à la confiance, un nouveau champ de matière assurable, «le risque de pandémie», ou mieux «  le risque de catastrophe sanitaire ». Pour faire simple, assurer ce qui est assurable, c’est à dire ce qui est maîtrisable, mesurable, et se faire couvrir par l’Etat en excédent de pertes, … le lapin est dans le chapeau ! Nous sommes dans un cas d’école de la société assurantielle. «Tout ce qui est assurable doit l’être, sauf ce qui ne l’est pas et qui doit être pris en charge par l’Etat».

Certains de mes amis me diront que je fais un procès d’intention, il faut bien faire quelque chose pour rassurer les petits commerçants et les assureurs sont là pour cela. Encore qu’en ce qui concerne D. Kessler, être mal intentionné ressortirait  plutôt de la légitime défense. Et, à vrai dire, je ne peux que leur donner raison, tant que les mutualistes qui, je le rappelle, ne sont pas des assureurs, n’ont pas démontré (ou même tenter de montrer) que l’on peut faire autrement. Les pandémies existent et continueront d’exister (lire « Comment l’Empire romain s’est effondré »  de Kyle Harper, ed. La découverte). Il est même imaginable qu’il y ait des cycles où la combinaison de multiples facteurs contribuent à une plus forte prévalence.

Notre préoccupation ne devrait elle pas être de construire une société, au moins des actions, peut-être une culture, des comportements, enfin, des conditions de vie, des organisations dans nos société qui en limitent les effets et donnent le temps aux chercheurs de trouver les parades. Nos solidarités locales, nos organisations décentralisées, constituées en mouvement d’éducation populaire, promoteur d’une vigilance accrue, quant à l’organisation du système de santé, quant à la distribution des moyens de prophylaxie auprès des populations, dans les quartiers, les entreprises, mais aussi comptable de la valorisation de la responsabilité individuelle et collective quant à la santé des populations et de toutes les populations quelles que soient leur situation socio-économique et leur situation culturelle.

Est ce que tout ceci, au regard de notre expérience, dorénavant vécue, ne serait pas efficace pour limiter, y compris dans notre société de liberté, les effets sanitaires, sociaux et économiques des pandémies ?

Est ce que tout cela ne mériterait-il pas d’être valorisé, car à notre portée immédiatement et sans pour cela créer un nouveau marché financier.

Mais encore faut-il en discuter ! On ne peut pas se limiter à déclamer des slogans sur la reconnaissance de l’Economie Sociale et Solidaire et à ne pas engager le fer contre ce qui transforme toujours un peu plus notre société en un marché.

La société de marché, c’est d’abord l’assurance ! Contre la société de marché, il faut que la mutualité se mobilise.

Jean Sammut.

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