La CSRD découpe le réel sur lequel les entreprises sont sommées d’agir en unités élémentaires censées permettre la mesure de l’impact de leurs actions.

Ce découpage du réel n’est pas neutre : il évacue notamment toutes les contradictions du système capitaliste et dissout les causes fondamentales de la situation actuelle. De la même façon, la CSRD propose une myriade de points d’attention sans vision globale (plus de 1000) du monde vers laquelle nous voulons aller.

Pour mesurer le biais de cette méthode, je vous propose cet extrait de l’ouvrage d’Edgar Morin : Introduction à la pensée complexe, à propos de la méthodologie scientifique héritée des XVIIème siècles et suivants et toujours à l’œuvre aujourd’hui.
La méthodologie scientifique était réductionniste et quantitative. Réductionniste, puisqu’il fallait arriver aux unités élémentaires non décomposables, lesquelles seules pouvaient être cernées clairement et distinctement, quantitativiste puisque ces unités discrètes pouvaient servir de base à toutes les computations. La logique d’Occident était une logique homéostatique, destinée à maintenir l’équilibre du discours par l’expulsion de la contradiction et de l’errance ; elle contrôlait et guidait tous les développements de la pensée, mais elle-même se posait à l’évidence comme non développable … L’imagination, l’illumination, la création sans lesquelles le progrès des sciences n’auraient pas été possible n’entraient dans la science qu’en catimini : elles n’étaient pas logiquement repérables, et toujours épistémologiquement condamnables. »

Si, dans cette dernière phrase, on remplace « l’illumination … » par « valeurs mutualistes » et « science » par « CSRD » on comprend parfaitement comment cette directive porte en elle la reproduction des errements qui nous ont conduits dans l’impasse écologico-économique actuelle et condamne le projet mutualiste par sa logique à la fois close et excluante.

Christian Oyarbide, Vice-Président de MLS

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