Toutes les enquêtes sont unanimes, la nouvelle génération est très inquiète sur son avenir, voire angoissée. Et ceci est d’autant plus vrai pour les jeunes issus de milieu précaires. Perte de crédibilité de l’éducation, difficultés d’accès au logement, insatisfaction lorsqu’ils trouvent un emploi…
Un appel à la mobilisation.
« Il faut un pacte national autour de la jeunesse et de l’entreprise » Article de Nathalie Silbert paru dans Les Echos 7/07/2025 (extrait).
Les 25 Rencontres économiques d’Aix-en-Provence donnent la parole aux jeunes. L’économiste Yann Algan décrypte les enjeux liés à « la première génération qui pense qu’elle aura un niveau de vie inférieur à celui de ses parents », dit-il.
Les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence ont donné la parole aux jeunes. Pourquoi sont-ils moins heureux que leurs aînés ?
Avant le Covid, les jeunes étaient ceux qui exprimaient le plus haut niveau de satisfaction dans la vie. Ce n’est plus le cas depuis la crise sanitaire. Cela a commencé par l’enfermement lié aux confinements, les réseaux sociaux peuvent aussi amplifier le sentiment de solitude. La crise climatique joue également.
Au-delà, c’est la première génération qui pense qu’elle aura un niveau de vie inférieur à celui de ses parents. La croissance économique en France est faible. Des études montrent qu’il leur faudra quatre-vingts ans pour doubler leur salaire là où il n’a fallu que vingt ans pour leurs parents. Cela pèse sur le moral des jeunes.
Comment faire en sorte que le système éducatif corresponde davantage aux besoins du marché du travail ?
La France consacre 5,4% de son PIB à l’éducation, soit plus que la moyenne des pays de l’OCDE, tout en affichant de très mauvaises performances. Le système éducatif est inégalitaire. Surtout, il souffre d’un déficit de formation sur les compétences sociales et comportementales. Dans les enquêtes, la majorité des élèves déclarent que la réussite relève de la chance ou de la fatalité. Dédoubler les classes n’est pas suffisant si les élèves sont persuadés qu’ils n’y arriveront pas.
Mais un des problèmes est que l’on ne forme pas suffisamment les professeurs aux gestes pédagogiques. Par ailleurs, le travail de groupe est moins développé en France qu’ailleurs alors qu’il est essentiel. Enfin, la France a sacrifié les compétences scientifiques et mathématiques. Dans les enquêtes TIMSS, elle est passée de la 7e place à la 17e place sur 18 pays de l’OCDE entre 2000 et 2019.
L’impact économique est colossal…
La moitié de notre perte de productivité est liée à notre déficit de compétences scientifiques et de « soft skills ». Entre 2000 et 2015, la France a perdu 4 points de productivité par rapport à l’Allemagne, 6 points par rapport aux Etats-Unis. Cela représente une perte de PIB de 140 milliards en quinze ans. Une étude du Conseil d’analyse économique a montré que sans ce déficit, la France aurait gagné 0,2 point de PIB supplémentaire chaque année, soit 75 milliards au bout de quinze ans.
Plus les jeunes sont diplômés, moins ils sont satisfaits de ce qu’ils trouvent en entreprise. Comment l’expliquez-vous ?
Cette insatisfaction tient au décalage entre leurs attentes et leurs illusions perdues lorsqu’ils voient la réalité de leurs emplois. Dans leurs aspirations, ils mettent en premier une bonne rémunération. Or ils entrent dans un marché du travail où la croissance des salaires est faible. Ils veulent aussi un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle, en particulier au moment de la naissance de leur premier enfant.
Enfin, ils attendent de l’autonomie et qu’on les respecte. Trois quarts des jeunes expriment une forte insatisfaction vis-à-vis de leur management, qu’ils trouvent beaucoup trop vertical. A l’origine, il y a très souvent un problème d’orientation professionnelle. Deux tiers des jeunes considèrent qu’ils n’ont pas été bien orientés.
Ceux qui s’en sortent disent que c’est grâce à leur mère. Ils sont en général issus de milieux favorisés.
Un lien avec le thème « Agora jeunesse » aux Rencontres Economiques d’Aix en Provence :
https://www.lesrencontreseconomiques.fr/jeunesses/agora-jeunesses/
Sur le même sujet (et sur bien d’autres), lire les enquêtes et les études de l’Institut SOLIDARIS (Mutuelle Belge).