La France manque de médecins nous répète-t-on depuis des années. Alors que nous avions touché le fond en 1993 avec 3500 étudiants admis en 2e année, on nous propose d’en former 16000 par an ! Est-ce la solution ?

Tout d’abord pourquoi cet état de fait ?

Uniquement par la collusion d’intérêts entre les organisations professionnelles (Ordre et Syndicats) pour qui raréfier consolide le statut et la Haute Administration de Bercy pour qui le dogme en Santé est de maîtriser les dépenses à n’importe quel prix…

Le Numerus apertus n’est pas la solution.

Mais multiplier les médecins dans le cadre du Numerus Apertus aussi complexe que démotivant n’est en aucun cas la solution.

Tout d’abord les terrains de stage (assurant la formation qualifiante des étudiants pendant au moins six ans) que sont les établissements de soins ne sont pas extensibles, voire en diminution (fermeture de lits hospitaliers). Comment formera-t-on 16000 médecins au sein de terrains de stage prévus pour 6000 ? Cet effet d’annonce valide donc une formation au rabais. Par ailleurs un nombre toujours plus important d’étudiants sont formés à l’étranger ce qui ravit Bercy (l’Etat ne payant plus leur formation).

Réguler l’installation

La solution du problème est ailleurs : il faut réguler l’installation et casser le patriarcat médical. D’abord réguler comme pour toutes les autres professions de soins (pharmaciens, kinés, infirmiers) en incitant à rejoindre les zones déficitaires, soit par des contrats temporaires (une à plusieurs années), soit en revenant à un Internat régionalisé.

Casser le patriarcat médical

Ensuite, casser le patriarcat médical méprisant envers les autres métiers du Soin pour généraliser les délégations de tâches. Le meilleur exemple : les IPA (infirmiers de pratique avancée,) Bac + 5, niveau ingénieur,  parfaitement compétents pour effectuer au moins un tiers des tâches médicales et tout particulièrement le suivi des maladies chroniques, enjeu chronophage et coûteux. Mais les possibilités de délégations de tâches aux pharmaciens, sages femmes et autres professions de soins sont multiples.

Réformer en profondeur la formation

Enfin, réformer en profondeur la formation comme le demandent de nombreux syndicats étudiants : Instaurer une licence en Santé filière unique incluant tous les métiers concernés permettant d’acquérir une culture transversale commune débouchant ultérieurement sur une maîtrise ou un troisième cycle.

Pierre WOLFF, Médecin généraliste, Président de Mutualp.

Share This