Solvabilité 2 est le paradigme de ces défaites. Comme le démontrent brillamment Pierre François et Sylvestre Frezal dans leur ouvrage « Financiariser l’assurance », S2 a « oublié » la défense des assurés au profit d’une vision actionnariale.

Une fois ceci démontré, il est facile de comprendre pourquoi les managers des sociétés de capitaux sont mieux armés que les mutualistes pour résister aux dérives régulationnistes : à la fin du fin, le manager est conceptuellement fondé à arbitrer en faveur de l’actionnaire pour résister à ces dérives puisque la règlementation est, en dépit de ses objectifs initiaux, dans le même camp que ses patrons.
Le dirigeant mutualiste, lui, n’a pas d’alliés conceptuels face à ces mêmes dérives puisque le corpus règlementaire est non seulement incompréhensible pour les adhérents que ce dirigeant est supposé représenter, mais également étranger à la solidarité, qui est l’essence du mutualisme.
En conséquence de quoi, la soumission passive aux exigences des régulateurs est la seule option offerte au manager mutualiste.

Comment échapper à cette fatalité ?
En soumettant le corpus règlementaire à une critique fondée sur des valeurs qu’il ignore et en reconstruisant, patiemment, méthodiquement un cadre conceptuel mutualiste de maîtrise et de transparence des risques et des décisions économiques.

Le livre déjà cité par les dévoilements qu’il nous livre sur les fondements de S2 est une lecture préalable indispensable à ce travail. Comment a-t-il pu passer aussi inaperçu dans notre univers mutualiste ?
Je n’ose émettre l’hypothèse que cette omerta viendrait de ce que nous ne serions pas assez convaincus que la valeur de la solidarité dépasse la valeur de marché.

Par Christian Oyarbide, Vice-président de MLS, Président de Mutlog

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