Tribune parue le 4 mai 2021 dans Les Echos

Ils sont de retour ! Ils sont maîtres «  es art idéologique ». Ils connaissent la force des coups de boutoir, de leur répétition. Et il faut les prendre au sérieux car ils ont gagné déjà plusieurs batailles.

 La guerre permanente contre les principes de lutte contre les inégalités qui ont fondé notre système social ne supporte pas de répit. Chaque occasion est bonne pour faire de l’inégalité, appelée ici responsabilité personnelle, le moteur de la vie. La règle reste la même : « luttez pour la vie, et Dieu reconnaîtra les siens » .

La méthode  évolue, s’adapte. Pour eux, la bataille contre la conception de la solidarité définie en 1945 et portée au niveau universel avec la déclaration de Philadelphie est terminée : le caractère universel du système de protection sociale n’est plus d’actualité. L’assistance pour les pauvres, l’assurance pour les autres. Assurer tout ce qui peut être assurable, normaliser l’assurance minimale nécessaire au bon fonctionnement de l’économie, et la Sécurité Sociale, comme régulateur principal de cette transformation. Mais la guerre n’est pas finie. Et la COVID arrive à point pour justifier une nouvelle étape d’un néo « Néo-libéralisme ».

Les principes : la transparence et la raison. On ne sait jamais, l’ambition fondatrice de notre protection sociale pourrait resurgir. « De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins », doit disparaître de la pensée, alors autant enfoncer le clou, la question est dorénavant «  en avoir pour son argent », la règle doit être,  je cite «  qui paie quoi, qui touche quoi, et à quel titre? ». Les régulations confiées à des experts, des entreprises efficaces, innovantes, mais «  sociales » , ça va de soi (des entreprises à mission, par exemple), se chargeront du reste avec l’aide précieuse des nouvelles technologies. L’élection présidentielle sera le champ de cette énième bataille pour ou contre la transformation encore plus libérale de notre société.

Et dans cette bataille où l’opinion va jouer un grand rôle, et malgré l’état «  discutable » de notre organisation de la santé et de la protection sociale, les questions de savoir qui est «  moderne » ?  de quelle «  solidarité » parle-t-on?  à quelle « démocratie »  fait-on référence ? quel « système de santé pour tous » veut-on ? devront être expliquées simplement pour que chacun prenne bien la mesure des enjeux.


Par Jean Sammut

Président MLS

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