Article paru dans Les Echos, le 14 juin 2024
« Les propositions sociales fondées sur un principe de préférence ou de priorité nationale, inspirées par l’extrême droite sont incompatibles avec les valeurs républicaines d’égalité et de fraternité », juge la Mutualité française. Pour ses membres, qui sont des sociétés à but non lucratif, « l’exclusion des plus fragiles, l’anathème contre des minorités, le rejet de l’autre, la remise en cause de l’Etat de droit et des libertés publiques, ainsi que les raccourcis « attrape tout » démagogiques ne peuvent qu’être les ferments d’une société qui divise ».
Ce n’est pas la première fois que les mutuelles se jettent dans l’arène politique. Lors de la présidentielle de 2022, elles avaient appelé à » battre l’extrême droite en votant pour Emmanuel Macron » lors du deuxième tour qui opposait le président sortant à marine Le Pen, la candidate du RN. La Mutualité française a également l’habitude de prendre position sur des sujets de société, comme la révision de la loi bioéthique en 2021. Elle avait alors soutenu l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes.
Ces derniers mois, elle s’est aussi prononcée en faveur d’une « évolution de la loi qui permette une fin de vie libre et choisie », en amont du débat sur le projet de loi sur l’accompagnement des malades et de la fin de vie, dont les travaux ont été stoppés net par la dissolution de l’Assemblée nationale dimanche.
Outre l’assurance santé, les mutuelles sont des acteurs importants du système de soins, en tant que gestionnaires de cliniques, de centres de santé ou de rééducation et d’Ehpad. Malgré son poids économique dans le secteur de la santé, la FNMF balaie les enjeux financiers et se fait guidée par son ADN de « mouvement social ».
Dans l’actuelle campagne pour les législatives, elle appelle à « défendre la Sécurité sociale et assurer son financement, socle d’une protection sociale solidaire et universelle« , et « à remettre en cause la financiarisation du système de santé et des secteurs médico-sociaux« . Au delà du champ d’action traditionnel des mutuelles, la fédération souhaite aussi une « mobilisation démocratique » pour « renforcer la place de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) » ou encore « investir dans la lutte contre la désinformation«
Rien à ajouter ! Tout est dit !
Naturellement, en accord total avec ces mots.
Pour l’instant, il faut s’opposer de toutes ses forces à cette ignominie.
Il faudra sans doute à un moment se poser collectivement la question de savoir qu’est-ce que nous avons fait, ou plutôt qu’est-ce que nous n’avons pas fait pour que la situation se dégrade à ce point et qu’une partie de plus en plus importante de la population ne se retrouve plus ou ne fasse plus le lien avec les valeurs qui fondent nos institutions et nos organisations.