Article de Etienne Thierry-Aymé, paru le 26 nov. 2024 dans Les Echos
Face à la pénurie de professionnels de santé, les collectivités s’associent pour les attirer, et essayer ainsi de garantir à leur population un meilleur accès aux soins. Coup de projecteur sur plusieurs de ces initiatives.
1. Les stratégies de la Haute-Vienne (87) pour faire venir de nouveaux médecins
Elus du territoire, Agence régionale de santé (ARS), Conseil départemental, Ordre des médecins, Union régionale des professionnels de santé (URPS), association départementale des maires, représentants de la Région, Faculté de médecine de Limoges, ils étaient tous là, réunis le 25 septembre 2024 pour la signature du « plan d’attractivité médicale pour la Haute-Vienne ». Avec deux objectifs : « Augmenter le temps médical disponible, et améliorer la réponse apportée pour les soins non programmés ».
Des efforts de coordinations en santé et d’attractivité que l’on retrouve à d’autres échelons en France. La Normandie a, par exemple, signé le 8 octobre une charte visant à faire converger l’ensemble des initiatives menées dans la région. Le même jour, l’intercommunalité de Cholet (Maine-et-Loire) a lancé un plan d’attractivité médicale avec une enveloppe de 600.000 euros sur trois ans, tandis que le Vaucluse lançait au printemps le dispositif « Vaucluse Provence Attractivité » visant à faciliter l’installation de médecins généralistes.
2. Un bus pour améliorer l’offre de soin et de prévention de Vichy Communauté
En 2023, Vichy (Allier) a lancé un cabinet de consultations médicales itinérant, piloté par le Centre communal d’action sociale (CCAS), en lien avec les communes de l’agglomération. Son nom : « Mobil’Santé ». Il parcourt les routes des 39 communes de l’agglomération (un peu moins de 85.000 habitants) avec à son bord du matériel et du personnel qualifié : infirmière, assistante sociale, psychologue.
On retrouve une initiative similaire à Dieppe (Seine-Maritime) avec son Médicobus ou encore à Evreux (Eure) avec son Doctobus, où les consultations sont ouvertes aux patients sans médecin traitant. Plus de 13.000 personnes sont concernées sur le territoire d’Evreux Portes de Normandie. L’objectif est de désengorger les urgences.
3. Dans la Nièvre, une bourse aux études médicales et paramédicales
Une bourse en échange d’un engagement de s’installer dans la Nièvre à la fin de ses études, voici ce que propose depuis 2016 le département aux étudiants en médecine, ergothérapie, kinésithérapie, chirurgie dentaire et maïeutique. Ce dispositif a été étendu en 2023, aux infirmiers, psychomotriciens et orthophonistes.
« Toutes les bourses sont de 500 euros par mois et sont conditionnées à une installation six mois après le diplôme, dans le département de la Nièvre, pour une durée équivalente au versement de la bourse », précise le Conseil départemental qui propose en outre une offre d’appartements pour « faciliter l’accueil en stage des étudiants en santé et des médecins lors des remplacements ».
4. L’Ain récompensé pour ses « rencontres des pros de santé »
Le 11 octobre à Marseille (Bouches-du-Rhône), le département de l’Ain s’est vu attribuer le « D d’Or de l’innovation en santé ». Un prix qui récompense les efforts du département pour attirer les professionnels de santé, en particulier à travers l’organisation des « premières rencontres des pros de santé », au printemps 2024, avec plus de 450 professionnels réunis, ainsi que pour la création de son portail pros-sante.ain.fr, qui regroupe toutes les informations pratiques utiles pour les médecins intéressés par une installation. L’objectif est de partager des expériences, échanger, renforcer les liens entre professionnels, et valoriser les parcours inspirants.
Dans le même temps où le gouvernement s’apprête à augmenter le Ticket Modérateur, l’offre de soins ne s’améliore pas.
Même s’il est légitime de penser que la courbe démographique des professionnels de santé s’inversera dans les 5 à 10 ans à venir, pour le moment, il faut faire avec la pénurie.
Et là, les initiatives innovantes vont bon train et ce sont les collectivités territoriales qui sont à l’initiative.
Cela a quelque chose de réjouissant, dans le sens où, devant le marasme techno-politique au niveau de l’Etat, il faut bien que quelqu’un s’y colle.
Maintenant, on peut espérer que les mutuelles, dont c’était la vocation historique d’accompagner les collectivités territoriales dans leurs actions sociales, participent à ces action. On ne peut pas s’empêcher de s’interroger sur le fait de savoir pourquoi elles n’en sont pas à l’initiative.