Par Yves Bourdillon Publié le 3 mars 2024 à 17:41
Une proposition de loi visant à payer un treizième mois aux retraités a été approuvée par votation dimanche, malgré le coût de cette mesure pour un pays à la population vieillissante.
Les Suisses, dont la population vieillissante est confrontée à un coût de la vie croissant, ont voté en faveur d’un treizième mois de pension de retraite, selon les résultats quasi-définitifs de la votation qui a eu lieu dimanche. La proposition mise au vote dans ce pays adepte de la démocratie directe a recueilli 58,2 % des voix et remporté une majorité des suffrages dans plus de la moitié des 26 cantons suisses, condition pour être adoptée.
Cette proposition, qui aligne le régime des retraités sur celui des salariés, bénéficiant tous d’un treizième mois, était défendue par les syndicats sous l’intitulé « Mieux vivre sa retraite ». Ses partisans faisaient valoir le niveau élevé du coût de la vie, notamment du logement dans ce pays parmi les plus riches du monde.
Les pensions mensuelles de la Sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2.450 francs suisses (2.570 euros) pour une personne seule et à 3.675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d’un appartement de trois pièces s’élève à au moins 3.000 francs (3.150 euros). Un café coûte plus de cinq francs. L’inflation, toutefois, n’a pas dépassé 2,2 % l’an dernier.
« Il y a, comme partout, une crise de pouvoir d’achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s’érode », soulignait Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui militait pour le « oui ». Les partis de gauche soutenaient l’initiative combattue par les partis de droite et centristes. Le gouvernement et le Parlement s’y opposent également.
Le gouvernement a affirmé que l’augmentation proposée coûterait plus de 4 milliards de francs suisses par an, avertissant qu’elle nécessiterait des augmentations d’impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de Sécurité sociale.
Pas de relèvement de l’âge de départ en retraite
Il a également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n’apporterait qu’un bénéfice social limité. « De nombreux retraités recevront un 13e versement de Sécurité sociale même s’ils n’en ont pas vraiment besoin », avançaient les autorités fédérales. L’UDC, la droite radicale et premier parti du pays, prévenait que cette initiative « irresponsable » permettrait aux pique-assiettes d’épuiser le système. Le financement du treizième mois va s’avérer d’autant plus problématique que les électeurs se sont également prononcés contre une proposition de la branche jeunesse du Parti libéral visant à relever progressivement l’âge de la retraite de 65 à 66 ans au cours de la prochaine décennie. Afin justement d’assurer la pérennité du financement du système de retraite.
Ce vote intervenait moins de deux ans après que les électeurs suisses ont décidé de relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, comme pour les hommes. La Suisse enregistre, comme tous les pays occidentaux, un taux de fertilité très loin de permettre le renouvellement des générations, avec 1,42 enfant par femme.