Présidente du Conseil de surveillance de l’ENS

Article de Florence Bauchard paru dans Les Echos le 2 janvier 2025.

L’organisatrice du prochain sommet mondial sur l’intelligence artificielle est tombée très jeune dans la marmite des algorithmes, bien avant que cette révolution ne soit baptisée IA. Après un doctorat en intelligence artificielle à l’Ecole normale supérieure, cette ingénieure (Mines, Télécoms) a entamé une longue carrière dans les télécoms au Mexique chez Telmex. Depuis, la présidente du Conseil de l’ENS a expérimenté les bouleversements technologiques de cette industrie chez Orange, à la direction de l’Association mondiale des opérateurs mobiles et, depuis 2002, à la présidence du conseil de Cellnex.

Les 10 et 11 février prochains, une centaine de chefs d’Etat, des entrepreneurs, des chercheurs, des ONG et des artistes échangeront sur les actions à mener en matière d’IA. Dans sa lettre de mission du 25 mars, le président Emmanuel Macron indiquait vouloir « progresser sur cinq grands piliers » : l’IA au service de l’intérêt général, le futur du travail, les écosystèmes d’innovation et de création, la sûreté et la sécurité de l’IA ainsi que la gouvernance mondiale de l’IA. Autant de groupes de travail réunis sous la houlette de cette scientifique, quelques semaines après avoir présenté les 25 recommandations de la commission de l’Intelligence artificielle qu’elle coprésidait avec l’économiste Philippe Aghion.

Pour capitaliser sur le gisement de croissance de la révolution de l’IA, Anne Bouverot propose d’investir un montant record de 5 milliards d’euros par an pendant cinq ans, à la fois dans la diffusion de la technologie dans les entreprises, mais dans la formation. Certains s’inquiètent toutefois d’une vision positive trop inspirée de la position des représentants d’entreprises de la communication qui ignore « ses risques existentiels ». Si la sécurité reste un sujet, ce n’est pas le seul abordé par cette quinquagénaire au franc-parler, appréciée également dans ses différents postes d’administratrice (Edenred, Capgemini). Et l’ancienne patronne du spécialiste de la sécurité et de la biométrie Morpho de pointer les risques liés à la transformation des métiers, la concentration du secteur aux mains de quelques acteurs, ou l’impact sur le climat. Son motto : l’IA pour l’intérêt général, et un dialogue avec toutes les parties prenantes.

Ce n’est pas qu’un détail : en 2018, elle cofonde avec Tanya Perelmuter la fondation Abeona, qui promeut une approche responsable de l’IA et étudie son impact sur la société.

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