Tribune du Président Philippe Da Costa, publiée dans La Tribune Dimanche le 5 mai 2024
Faire face au choc climatique : nos propositions pour une meilleure préparation individuelle et collective
Les réalités du choc climatique s’imposent tous les jours plus dramatiquement entre inondations, sécheresses et canicules. Acteur majeur et historique de la réponse face à ces catastrophes, la Croix-Rouge française, en lien avec le Centre de recherche du Crédoc, dans son rapport « Événements climatiques extrêmes : sommes-nous prêts à l’inévitable ? », analyse la capacité de la société française à faire face à ces nouvelles menaces et émet des propositions pour renforcer la préparation des populations.
“Cela fait plus de dix ans que nous vivons ici, et nous n’avions jamais été inondés. En quelques heures, notre sous-sol s’est rempli d’eau. Nous avons dû partir très vite, et tout laisser derrière nous. […] Nous avons vécu trois inondations, coup sur coup. Aujourd’hui, on surveille le niveau de l’eau, on vit dans la peur que ça recommence.“
Le témoignage de Marjorie, sinistrée dans le Pas-de-Calais, est celui d’une France qui entre dans l’ère des catastrophes climatiques. Aujourd’hui, les deux tiers de la population française sont exposés aux inondations et au mouvement de terrain. 50 millions de personnes ont été touchées par les épisodes caniculaires de 2023.
Inégaux face à la catastrophe
Le constat est sans appel: les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement. Tous les territoires de l’hexagone et d’Outre-mer sont concernés.
Pour autant, nous sommes inégaux face à la catastrophe. Les plus fragiles, notamment les 5,5 millions de personnes isolées et 330 000 sans-abris en France, sont davantage exposés et leur reconstruction s’avère plus douloureuse. Les personnes sinistrées mettent aussi en exergue l’enjeu mal identifié de la santé mentale: entre 20% et 50% des personnes exposées à une catastrophe développent des troubles psychologiques.
Ces bouleversements inédits appellent une réponse d’une envergure sans précédent et préparer les populations doit s’ériger en priorité nationale.
Agir pour ne pas subir
Sur le plan collectif, il devient urgent de renforcer les mécanismes de détection des personnes vulnérables et d’être en capacité d’apporter des premiers soins psychologiques aux survivants. Les canicules, qui sont responsables de 85% des décès liés aux catastrophes, doivent nous amener à garantir à chacune et à chacun un lieu de mise à l’abri, un accès à l’eau et à l’hygiène à travers la mise en place d’un “plan grand chaud”.
Sur le plan individuel, formons-nous (enfin) aux premiers secours. Seul 40% de la population française est formée aux gestes et comportements qui sauvent, contre 80% en Allemagne. Maîtriser ces réflexes élémentaires peut non seulement sauver notre vie, mais aussi celles de nos proches. Disposer d’un sac d’urgence dans chaque foyer, afin de couvrir les besoins vitaux en cas de crise et survivre plusieurs jours doit également devenir la norme.
Les nouvelles réalités de la catastrophe climatique s’imposent à nous. Elles sont là. Face à cela, une mobilisation des forces vives peut nous permettre de reprendre en main notre destin, de protéger et de porter attention aux plus vulnérables d’entre nous.
Enfin ! Et merci à Philippe, éminent mutualiste au demeurant, de rappeler cette idée essentielle que la notion de préparation devrait être aujourd’hui centrale dans les politiques publiques, dans la mobilisation des acteurs de la société civile, pour les structures de l’ESS. Après la période COVID, comment ne pas comprendre qu’il convient que les sociétés se préparent à affronter différents fléaux, type catastrophes sanitaires, catastrophes climatiques et que ce sont les plus fragiles économiquement, socialement, psychologiquement, les moins bien protégés qui risquent le plus.